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Propositions de la médecine libérale de Nouvelle-Aquitaine pour la refonte du système de santé

Une étude menée en 2022 par l’URPS Médecins Libéraux Nouvelle-Aquitaine 

Les propositions de l’étude prospective

La consultation entamée en 2022 a permis de dégager les attentes et propositions des médecins aquitains pour l’avenir.
Quatre ateliers thématiques, des réunions avec les syndicats, l’ARS, la Région Nouvelle-Aquitaine et le Conseil Régional de l’Ordre des  médecins ainsi que deux webinaires, ont permis aux élus de
l’URPS, accompagnés par trois experts, de dresser un état des lieux convergeant et de définir les orientations de réforme portées par l’Union.
Ce rapport se veut ainsi une contribution collective au débat national sur l’organisation du système de santé, avec des réponses adaptées aux besoins populationnels assurées par une médecine libérale attractive.

Un modèle obsolète et une triple transition

La crise actuelle est liée à l’inadaptation du modèle suite à une triple transition.
La première est épidémiologique, avec le vieillissement de la population et l’essor des pathologies chroniques, détaille ainsi Frédéric Bizard, Economiste de la santé, professeur à l’ESCP Europe et à Paris Dauphine.
Le système de santé initialement conçu pour l’aigu est saturé, impliquant de trouver une organisation adaptée à la gestion du risque en santé.
Un besoin ressenti dans les territoires, puisque 83% des médecins ayant répondu au questionnaire de l’URPS de février dernier ont indiqué souhaiter un développement de la prévention.

La seconde transition est liée à la démographie médicale, avec la baisse des effectifs et l’évolution sociétale des jeunes générations qui aspirent à plus de qualité de vie.
Les deux tiers des médecins ayant répondu au questionnaire avaient ainsi plébiscité une organisation plus collective, en priorité entre libéraux, et l’intégration des nouvelles technologies dans leurs pratiques.

Une attente qui s’inscrit pleinement dans le contexte actuel et la troisième transition auquel le système de santé doit faire face. Les perspectives ouvertes par l’IA en santé sont en effet vertigineuses, en particulier dans les champs du dépistage et de la médecine prédictive, explique David Gruson, spécialiste de l’Intelligence
Artificielle en santé et Fondateur d’Ethik-IA. Reste à lever les freins économiques au développement et à se prémunir des dérives éthiques (via la garantie humaine) et commerciales.

Une mauvaise allocation des ressources et une crise de gouvernance

En effet, le système actuel traverse une crise d’efficacité. Avec 11,3% du PIB contre 9,9% pour la moyenne des pays de l’UE en 2018, la France dispose d’un haut niveau de dépenses en santé. Les indicateurs y sont pourtant inférieurs à la moyenne européenne. Les inégalités de santé n’ont pas réduit en 30 ans et l’espérance de vie sans incapacité des hommes stagne depuis 10 ans.

« En cause une mauvaise allocation des ressources » analyse Frédéric Bizard. La France sous-investit dans l’action sur les déterminants de santé et les innovations technologiques. 45% de la charge de morbidité dans le monde est pourtant attribuable à des facteurs accessibles à la prévention. Une politique efficace sur ce point permettrait de « neutraliser » l’effet démographique, souligne le chercheur. La prise en compte de l’environnement, des capacités et des connaissances en santé du patient devient alors fondamentale.

Piloté par une structure ultra-centralisée face à une myriade d’acteurs, le système de santé apparait ainsi trop et mal régulé pour pouvoir s’adapter. Il est cloisonné, avec une segmentation entre financeurs et professionnels de santé, entre ville et hôpital, et entre secteurs médical, médico-social et social. « C’est adapté quand il s’agit de prendre en charge un épisode mais pas un parcours » critique
le Pr François Alla, Chef du service prévention du CHU de Bordeaux et président de la Conférence régionale de santé et de l’autonomie, qui a accompagné l’étude. Pour être efficace, ce virage préventif doit associer l’ensemble des acteurs de la prévention, poursuit-il. Une reforme de la gouvernance permettrait donc de rétablir la confiance entre les acteurs.

Une refonte globale pour un virage préventif

Face à l’échec des politiques de santé et des réponses budgétaires en “silo” sans réforme de fond, le constat est ainsi unanime : il est indispensable de réaliser une refonte globale du système de santé.
Il y a nécessité de repenser une gouvernance permettant l’organisation d’une politique de santé axée sur la gestion du risque long, concluent de manière chorale les chercheurs. Dans un contexte économique contraint, l’objectif est de mettre en place une stratégie intégrative de prévention s’appuyant sur les initiatives locales ainsi que de financer des programmes de recherche et d’évaluation basés sur l’effectivité et l’efficacité.

Cela implique donc une modification des lois de financement afin de se projeter à long terme et de permettre l’investissement sur les plateaux techniques et la technologie pour les acteurs de ville.
Cette réforme devra néanmoins se prémunir de deux écueils principaux : le risque d’une dérive étatiste et réglementaire encore plus forte dans un contexte de démographie médicale défavorable, et celui d’une privatisation financière et mercantile de la santé.

La contrainte ne fonctionne pas. La liberté d’installation et d’organisation est en effet primordiale pour 2 médecins sur 3.
Et si 95% de médecins répondant au questionnaire jugent également nécessaire de revaloriser les actes, selon un rapport de la DRESS publié en décembre dernier, ce critère n’est cependant pas suffisant pour amorcer une réelle attractivité des territoires les plus en besoin. Convaincue que l’agilité, l’innovation et la performance sont les seules réponses pertinentes à la crise et ne peuvent être issues que du terrain, l’URPS ML NA, via ces propositions vise donc à favoriser l’innovation ascendante avec une gouvernance territorialisée. Cette restructuration capitalise donc sur les organisations en place en leur donnant un fonctionnement plus démocratique et partenarial.

8 clefs essentielles pour un virage global - Nos propositions concrètes

VIRAGE PRÉVENTIF ET ÉDUCATIF
1. Remettre la prévention au cœur du système de santé
2. Renforcer l’éducation et la pertinence

ATTRACTIVITÉ DES TERRITOIRES
3. Une question de gouvernance territoriale
4. Favoriser les organisations de coopération territoriale (CPTS – ESS …)
5. Évolution de la formation des médecins

ACCÈS AUX SOINS
6. Accompagner la transition vers des structures collectives
7. Stimuler les structures libérales de santé
8. Investir dans le numérique en ville

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