La parole aux territoires : La Charente-Maritime

En Charente-Maritime, l’attractivité médicale se construit autour d’initiatives locales porteuses de sens. Les témoignages recueillis illustrent des pratiques novatrices : développement des plateaux techniques avancés, renforcement des actions de prévention et installation facilitée grâce à la dynamique des groupes locaux. Cet article vous invite à découvrir comment les médecins de ce département côtier allient tradition et innovation pour répondre aux besoins des territoires ruraux et encourager les jeunes praticiens à s’y établir.

Portrait santé*

Superficie : 6 864 km²

Nombre d’habitants : 655 709

Nombre de communes : 463

Établissements de santé :

  • 17 hôpitaux publics
  • 5 cliniques privées

 

Ensemble des médecins (tout statut) : 2 190

Âge moyen : 50,3 ans

Médecins généralistes libéraux et mixtes :

  • 683 (dont 91 de + de 55 ans)
  • Densité médicale : 103,6
  • 56,8% d’hommes et 43,2% de femmes

Médecins spécialistes libéraux et mixtes :

  • 512 (dont 231 de + de 55 ans)
  • Densité médicale : 77,6
  • 60,5% d’hommes et 39,5% de femmes

Variation de la densité médicale (2010/2023) : 13,60%

Nombre d’actes techniques/an : 1 884 706 (dont 93 869 en médecine générale et 1 790 837 en médecine spécialisée)

Nombre d’actes cliniques/an : 3 885 440 (dont 3 119 169 en médecine générale et 766 271 en médecine spécialisée)

Taux de médecins généralistes participant à la permanence des soins (PDSA) : 55%

Exercices coordonnés :

  • 7 CPTS (74% du territoire couvert)
  • 31 Maisons de santé

 

*Les sources : Statiss 2022 – Atlas de la démographie médicale 2023 – ISPL 2022 – CCAM 2022 – Agora Lib’ Oct. 2023

La relation soignant-soigné est fondamentale et ne peut se faire que dans un rythme respectueux de l’équilibre de vie

Je me suis installée à Oléron avec ma famille l’été dernier, en raison d’attaches sentimentales avec l’ile depuis 25 ans. On y allait régulièrement, été comme hiver, et il y a ici un rythme de vie que l’on recherche avec notre métier à cent à l’heure. La municipalité a aussi organisé des bureaux fonctionnels qui m’ont permis de m’installer rapidement et facilement.

Alors bien sûr on est débordé de demandes, comparé à l’ouest de Bordeaux où j’étais basée avant. On est en milieu très ensoleillé, ostréicole et sous doté en médecins. On voit des patients qui se sont résignés, n’ont pas consulté malgré le besoin et avec des carcinomes évolués.

Or, on avait déjà des échanges sur l’accès aux soins de plus en plus difficile et sur la télé-expertise avec des confrères et consœurs. Alors comme je repartais avec un agenda vierge, j’ai profité de l’occasion. Ma secrétaire aussi puisqu’elle m’a suivie et s’est formée pour devenir assistante médicale.

On est très coordonnés avec les médecins généralistes. On évalue l’urgence de la réponse en collaboration et on favorise la télé-expertise. Sur celles-ci, 70% ne révèlent pas de besoin de consultation en présentiel. Certains ont des dermatoscopes connectés, ce qui permet de convoquer directement les patients en biopsie quand cela est justifié. Ça évite une consultation préalable inutile. Et le temps d’une consultation au cabinet, c’est 6 télé-expertises.

On améliore ainsi le nombre de patients vus, mais surtout la qualité des soins. Avec une population assez âgée et isolée, les téléconsultations assistées avec les IDE par exemple, sont beaucoup plus simples. Ça évite de déplacer les gens, de commander des ambulances. On voit les patients avant qu’il ne soit trop tard. C’est aussi un gain en termes de coûts de santé.

Alors, pourquoi les jeunes médecins ne s’installent pas ? Parce que les institutions publiques attendent d’abord des chiffres et moins de la relation humaine. Or, il y a un besoin urgent que des internes en dermatologie soient formés et tout de suite. Je reçois régulièrement des patients hors département qui ont des difficultés pour accéder aux soins. Les patients nous soutiennent.

Des projets de santé planétaire, c’est un gage d’attractivité sur un territoire

Sur l’île d’Oléron, on est un groupe de médecins sensibilisés à la santé planétaire qui est un concept né dans le contexte du changement climatique et est le thème du dernier Congrès de médecine générale. Ce champ interdisciplinaire, basé sur les preuves, englobe la santé environnementale et celle liée à la biodiversité et fédère, entre autres, physiciens, écologues et médecins. Ça ne change pas les méthodes de soins, ni les recommandations. La question c’est plutôt : comment adapter notre système de santé afin d’avoir un rapport cout/bénéfice optimal entre santé et biodiversité ?

Par exemple, depuis début octobre, nous avons créé un réseau Sport-Santé sur l’île, dans le cadre de la MSP. En un an, on a développé un réseau de professionnels compétents pour pouvoir prescrire de l’activité physique adaptée. Le coût des séances de sport, de diététique, de psychologue ou de podologie est pris en charge par la MSP.

Cela a un impact positif sur la mortalité, mais aussi sur la consommation de médicaments, et conduit à une diminution de leurs résidus dans l’environnement. Les ateliers d’éducation thérapeutique, que l’on va mettre en place prochainement, ont les mêmes bénéfices. On peut enfin donner l’exemple de la télé-expertise qui réduit le recours aux transports et donc les émissions carbonées.

Aujourd’hui, c’est encore naissant, on est dans la phase de réflexion sur comment développer des actions à impact positif. Mais, parallèlement, on pense que des projets de santé comme ceux-là, sur des territoires où les patients ont de grosses difficultés d’accès au 1er recours, c’est un gage d’attractivité !

Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins de la Charente-Maritime

Le département de la Charente-Maritime a la spécificité d’être scindé à la fois dans le sens est – ouest et du nord au sud. A l’ouest, le littoral à l’activité saisonnière importante, conserve une couverture médicale à peu près correcte bien que les arrivées n’y compensent pas les départs à la retraite.

Ce qui est frappant c’est que ces secteurs, très attractifs il y a 30 ans, le sont beaucoup moins aujourd’hui. La qualité de vie n’est plus prioritaire et les confrères et consœurs privilégient les grandes villes. La baisse de l’attractivité de la rémunération, le coût de la vie, les prix de l’immobilier et le manque de considération de certains patients n’ont probablement pas aidé.

Vers le sud et l’est du département, très défavorisés, il n’y a pas de grande ville. L’abandon de territoires par l’Etat, où il n’y a plus d’écoles, n’incite pas à l’installation. En Haute-Saintonge par exemple, l’offre de premier recours est largement insuffisante et l’offre de second recours famélique.

Mais je veux être résolument optimiste. Ce qui va probablement améliorer les choses c’est la territorialisation, avec les CPTS par exemple. Il y a des projets qui se développent partout, en particulier en ruralité. On sent bien que cela attire les jeunes confrères et consœurs vers une médecine rurale, à condition qu’elle soit coordonnée et en groupe.

Il va y avoir un moment difficile à passer, en particulier dans les petites villes, mais si ce mouvement se fait intelligemment, en étant vigilants à ne pas se laisser envahir par trop d’administratif, à l’horizon de 10 ans la situation devrait s’améliorer.

Il faudra faire attention à ce que toutes les zones géographiques soient occupées mais cela dépasse le domaine de la médecine. C’est un travail commun d’aménagement du territoire. Cela concerne les élus, les sénateurs, etc. C’est tous ensemble qu’il faut réfléchir à des solutions pour que les jeunes médecins aient envie de venir s’installer sur le territoire.

Dispositif d’Appui à la Coordination de Charente Maritime (DAC 17)

Le savez-vous ? En Charente Maritime, 25 coordinateurs de parcours qualifiés (ayant des profils d’infirmiers, d’assistants sociaux…) travaillent au DAC 17 pour vos patients confrontés à un maintien à domicile compliqué. Ils vous apportent un appui, des informations, font le lien avec les différents services et/ou établissements, partagent l’information utile et indispensable de manière sécurisée grâce à PAACO GLOBULE.

Pour vous, gain de temps assuré !

Toutes les missions du DAC 17 sont gratuites pour vous et pour vos patients.

Dispositifs spécifiques :

13 places d’Hébergement Temporaire d’Urgence en EHPAD en cas de rupture du domicile ou d’hospitalisation non justifiée, coordonnées par le DAC 17.

ICOPE, pour repérer les personnes fragiles chez les plus de 60 ans et les inscrire dans un parcours de prévention. Et bien sûr, le DAC 17 vous informe si votre patient est concerné !

Suivi des patients souffrant de symptômes post COVID, le DAC 17 les informe, les oriente, leur apporte un soutien dès que vous le jugez nécessaire.

N’hésitez plus !

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