Dans la Haute-Vienne, les soignants témoignent de projets ambitieux qui redonnent souffle à la médecine libérale. Qu’il s’agisse de renforcer les actions collectives de prévention, d’améliorer l’accès aux soins grâce à des dispositifs techniques de pointe, ou de réinventer l’organisation des cabinets avec des assistants médicaux, ce département rural montre qu’il est possible de conjuguer innovation et qualité de vie. Cet article met en lumière ces retours d’expérience qui favorisent l’installation de nouvelles générations de médecins.
Portrait santé*
Superficie : 5 520 km²
Nombre d’habitants : 372 123
Nombre de communes : 195
Établissements de santé :
- 12 hôpitaux publics
- 32 cliniques privées
Ensemble des médecins (tout statut) : 1 467
Âge moyen : 48,7 ans
Médecins généralistes libéraux et mixtes :
- 404 (dont 175 de + de 55 ans)
- Densité médicale : 109,2
- 51,1% d’hommes et 48,9% de femmes
Médecins spécialistes libéraux et mixtes :
- 311 (dont 131 de + de 55 ans)
- Densité médicale : 84,1
- 57,7% d’hommes et 42,3% de femmes
Variation de la densité médicale (2010/2023) : 0,70%
Nombre d’actes techniques/an : 1 021 127 (dont 79 782 en médecine générale et 941 345 en médecine spécialisée)
Nombre d’actes cliniques/an : 2 491 086 (dont 2 297 018 en médecine générale et 797 820 en médecine spécialisée)
Taux de médecins généralistes participant à la permanence des soins (PDSA) : 58,3%
Exercices coordonnés :
- 6 CPTS (74% du territoire couvert)
- 15 Maisons de santé
*Les sources : Statiss 2022 – Atlas de la démographie médicale 2023 – ISPL 2022 – CCAM 2022 – Agora Lib’ Oct. 2023
Un accès à une imagerie médicale de qualité et aux surspécialités radiologiques sur tout le territoire
Les radiologues libéraux de la Haute-Vienne sont impliqués depuis de nombreuses années dans la couverture territoriale de l’accès à l’imagerie médicale. Déjà présents à Limoges, St-Junien et Bellac, ils ont créé en 2000 un GIE (GIML) avec les hôpitaux de Guéret et d’Ussel permettant un premier accès à l’IRM via une IRM mobile sur les 2 centres hospitaliers et une clinique de Limoges.
Par la suite le GIML s’est étendu aux Hôpitaux de St-Junien, St-Yrieix et Aubusson et aux radiologues privés de Tulle au travers de différents projets d’EML (Equipements lourds) et gère maintenant 2 IRM Mobiles (St -Junien/St-Yrieix et Ussel/Aubusson), 1 scanner (CH St-Junien), une IRM fixe et bientôt un scanner (CH Guéret) et a obtenu une autorisation de scanner sur le CH de Guéret.
Aujourd’hui les 20 radiologues de la Selarl IMRO incluant également 6 cancérologues interviennent donc sur 3 départements dans le cadre du GIML et de structures propres comme les centres d’imagerie de proximité de St-Junien et de Bellac (prochainement équipés d’un scanner), la clinique de la marche à Guéret et les 3 sites de Limoges (Clinique Chénieux et des Emailleurs, centre d’imagerie Queuille).
Ces centres et établissements sont ainsi équipés du même matériel de qualité et bénéficient des surspécialités des radiologues. Il en va de même pour les 2 Cliniques et le Centre d’Imagerie de Limoges qui offrent à la population un accès égalitaire.
Au total la Selarl IMRO assure le fonctionnement exclusif ou en partenariat de 6 IRM, 5 scanners et de 6 services de radiologie conventionnelle, notamment de la mammographie (85% du dépistage du cancer du sein sur les territoires couverts).
Seule la radiologie interventionnelle est centralisée sur Limoges (cliniques et centre d’imagerie), permettant une expertise de qualité et une offre étendue diagnostique et thérapeutique avec une participation d’un praticien de la structure à la ligne de garde du CHU.
Ophtalmologie Chénieux une vision solidaire de la performance
Dès les années 1980, l’équipe* du Centre Ophtalmologie Chénieux a été convaincue de l’importance de l’unité de lieu d’exercice autour d’un plateau technique de pointe, à la fois pour assurer la prise en charge la plus complète des pathologies oculaires, mais également pour se donner les moyens d’exercer une pratique médicale au rayonnement régional puis inter-régional. L’équipe a fait le pari de créer et d’animer une unité de soins performante au sein de la polyclinique de Limoges, en y installant un centre totalement intégré (consultation, diagnostic, service ambulatoire, laser, chirurgie réfractive, bloc opératoire).
Face à la pénurie de médecins, l’équipe a également imaginé une nouvelle organisation de « rendez-vous lunettes » en ligne, Chénieux Vision, qui permet de satisfaire une demande 24h sur 24 et 7 jours sur 7, pour les patients âgés de 3 à 65 ans.
Sur site, la file active de consultations est désormais très importante (500 consultations jour en moyenne) et les admissions en chirurgie dépassent les 12 700 interventions par an (dont 99,9% sont réalisés en chirurgie ambulatoire). Dans un contexte tendu d’accès aux soins pour les personnes âgées, les ophtalmologistes se sont attachés à déployer des lieux de consultation ou de chirurgie avancés dans des zones de grands déserts médicaux.
Ce maillage territorial, initié dès 2006 (Confolens) et 2007 (Saint Yriex), rayonne maintenant sur 4 départements (87, 19, 23, 16) et constitue ainsi un véritable réseau au plus près du domicile des patients.
Fort du succès de ces lieux intégrés, à la maison médicale pour Saint-Yrieix et au Centre Hospitalier pour Confolens, un troisième site est lancé en 2009, sur la commune de Bellac (nord Haute-Vienne), avec toujours la volonté d’assurer des soins de proximité et de déceler des pathologies pour des patients connaissant des problèmes de mobilité.
Cette activité d’offre de soin s’inscrit pleinement dans une mission de service public portée en collaboration avec l’hôpital. Ces soins ambulatoires permettent d’assurer un accueil optimisé pour les patients ainsi que favoriser les échanges avec les autres praticiens du territoire.
*les ophtalmologues du Centre Ophtalmologique Chénieux : Dr Jean Patrice VINCENT, Dr Jacques DETRE, Dr C. LAFLEUR, Dr Jean-Luc SALOMON, Dr Thierry MOURGUES, Dr Laurent HUGÉ, Dr F. PETELLAT, Dr Yohan BENAYOUN, Dr Loïc BOURMAULT, Dr Thomas LATHIÈRE, Dr Sébastien QUILBÉ, Dr DECOURTEIX, Dr Juliette DELMAS, Dr Georges COULEAUD, Dr Didier CLAVEL, Dr Olivia LE-CLERC, Dr Eva TABOURET, Dr Laurence VAN RUYSSEVELT, Dr P. NEGRIER.
Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins de la Haute-Vienne
La Haute-Vienne, avec ses 370 000 habitants, ses facultés, la persistance de quelques grandes entreprises comme Legrand, Renault Trucks, International Paper, et de belles activités réputées comme la porcelaine, l’émail, la ganterie, la chaussure, reste aussi un département rural avec l’industrie du bois, les vaches limousines et les porcs cul noir.
Ses faiblesses sont les difficultés de communication, que ce soit l’absence de liaisons TGV ou de voies autoroutières.
Malgré tout, Limoges a les atouts d’une « ville à la campagne » avec tous les avantages que cela comporte pour la vie familiale. Comme dans toute la France, la difficulté d’accès aux soins de la population est notre principal problème :
- Difficulté de trouver un médecin généraliste traitant pour les nouveaux arrivants, (même si le nombre de patients en ALD sans médecin traitant a diminué de 35%), délais parfois intolérables et dissuasifs d’accès aux spécialistes, fermetures ponctuelles des services d’urgences d’hôpitaux périphériques cet été.
- En médecine générale un effort considérable a été réalisé par les médecins pour la Permanence des Soins puisque sur ces 6 derniers mois il n’y a eu que 4 réquisitions pour tout le département. Elle fonctionne de 20h à 8h ainsi que les week-ends ce qui apporte une sécurité appréciée par toute la population.
- La Haute-Vienne sera à court terme couverte par les CPTS qui, dans la plupart des cas, se sont créées sur les anciens secteurs de garde où les médecins avaient l’habitude de travailler ensemble ; ce choix a certainement favorisé l’efficacité des CPTS et l’adhésion au SAS.
Une des caractéristiques de notre département, peut-être due à sa taille, est la collaboration étroite et la confiance qui se sont créées, en partie pendant les années COVID, entre les URPS et les Ordres, l’ARS, la CPAM, la faculté et les établissements hospitaliers publics et privés. Cette collaboration n’empêche pas des discussions parfois musclées mais n’entraîne pas de rupture et reste constructive.
C’est aussi un des rôles du conseil de l’Ordre de rassembler les bonnes volontés pour une meilleure prise en charge de la population. Cette prise en charge optimale ne peut être réalisée que par des médecins avec de bonnes conditions d’exercice, permettant de s’épanouir dans ce qui n’est pas un métier comme un autre.
Les conseillers du CDOM 87 sont là pour écouter, aider, soutenir et résoudre ou faire remonter aux institutions les nombreux problèmes que rencontrent nos confrères.
