Alors que les soignants expriment leur fatigue et un manque de reconnaissance, cet articles se veut le témoin des solutions locales et des réussites collectives au sein des Landes. Il partage des retours d’expérience et des témoignages de médecins qui, malgré les obstacles, réinventent leur pratique pour préserver leur qualité de vie et encourager la relève médicale.
Portrait santé*
Superficie : 9 243 km²
Nombre d’habitants : 418 000
Nombre de communes : 327
Établissements de santé :
- 12 hôpitaux publics
- 3 cliniques privées
Ensemble des médecins (tout statut) : 1 260
Âge moyen : 49 ans
Médecins généralistes libéraux et mixtes :
- 452 (dont 204 de + de 55 ans)
- Densité médicale : 107
- 56% d’hommes et 44% de femmes
Médecins spécialistes libéraux et mixtes :
- 415 (dont 176 de + de 55 ans)
- Densité médicale : 98,3
- 62% d’hommes et 38% de femmes
- 50 cardiologues
- 49 ophtalmologistes
- 20 psychiatres
- 19 gynécologues
- 11 pédiatres
- 8 dermatologues
Variation de la densité médicale (2010/2023) : 16,10%
Nombre d’actes techniques/an : 481 421
Nombre d’actes cliniques/an : 2 376 706
Taux de médecins généralistes participant à la permanence des soins (PDSA) : 70,30%
Exercices coordonnés :
- 11 CPTS (93% du territoire couvert)
- 27 Maisons de santé
*Les sources : Statiss 2022 – Atlas de la démographie médicale 2023 – ISPL 2022 – CCAM 2022 – Agora Lib’ Sept 2023
L’organisation des Soins Non Programmés (SNP) est effective grâce aux libéraux
Dr Maryse GARRABOS
Suite aux annonces des mesures BRAUN, le Dispositif d’appui à la coordination (DAC) Santé Landes, après avis favorable de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, a piloté le déploiement de la prise en charge des SNP sur le département, en s’appuyant sur les CPTS. Le DAC Santé Landes a recruté deux opérateurs de SNP et a élaboré avec le SAMU le process de réponse. Le démarrage s’est fait sur le territoire de la CPTS du Marsan (la majorité des médecins généralistes a répondu favorablement à cette sollicitation) et tout au long de l’été 2022, le DAC Santé Landes a sollicité les autres CPTS du territoire qui ont progressivement intégré le dispositif.
Fin 2022, toutes les CPTS ont été incluses. Les opératrices du DAC ont sollicité les médecins du territoire adhérents ou non au dispositif. Un flyer de présentation, élaboré par le DAC, a permis que l’information circule et que les médecins continuent à adhérer. Le nombre de prises en charge est en augmentation constante.
Des remontées statistiques sont faites auprès des CPTS afin que celles-ci puissent justifier auprès des tutelles de l’atteinte des objectifs définis dans leur Accord Conventionnel Interprofessionnel.
Actuellement, le Service d’Accès aux Soins fonctionne sur ce modèle depuis juillet 2023.
Les MSP et CPTS... des atouts pour tisser du lien entre professionnels de santé
Dr Guillaume DARMAILLACQ
La création de plusieurs MSP et de la CPTS ADOUR GAVE, sur le territoire Sud Landes et Nord Béarn, nous a permis de développer l’exercice pluriprofessionnel certes, mais avant tout de tisser ou retisser des liens entre professionnels de santé libéraux, de ville et en établissement. Se connaître, découvrir et partager des compétences individuelles, construire les missions de soins avec le premier et le second recours… Puis de fil en aiguille, avec le temps, avancer sur des projets organisationnels mis en place collectivement : soins non programmés, accès médecin traitant, prévention…
Chacun devant trouver sa place dans ces parcours de soins si complexes, j’insiste aujourd’hui sur le côté humain interprofessionnel, intergénérationnel qui nous manque tant, qui dépend de nous, que nous pouvons à nouveau cultiver et animer au travers de ces nouvelles et incontournables évolutions de nos modes d’exercice, malgré leurs imperfections. « Le travail individuel permet de gagner un match mais c’est l’esprit d’équipe et l’intelligence collective qui permet de gagner la coupe du monde » (Aimé Jacquet).
Plateau d’Imagerie Médicale de Proximité à Mimizan
Dr Eric CHAVIGNY
Les radiologues du Centre d’Imagerie des Landes sont mobilisés dans l’amélioration de l’offre d’imagerie médicale. Ils apportent leurs compétences au CHG de Dax dans le cadre d’une coopération et développent sur les Landes le concept de PIMAP (Plateau d’Imagerie Médicale Ambulatoire de Proximité). Le premier a été créé en 2022 sur le centre d’imagerie de Mimizan, offrant aux patients toutes les modalités d’imagerie sur un territoire éloigné des établissements de santé : dépistage du cancer du sein, dépistage anténatal, diagnostic en radiologie conventionnelle, échographie, scanner, IRM. En plus d’améliorer la prise en charge des patients, ce plateau technique améliore l’attractivité et la qualité de travail pour les médecins. La prise en charge des soins non programmés permet de limiter l’afflux de patients vers les services d’urgence hospitaliers et d’en diminuer le coût sociétal de prise en charge.
Cerise sur le gâteau, ce type de centre est intégralement financé par les médecins radiologues et ne nécessite aucun fond public. Un deuxième PIMAP ouvrira courant 2024 à Saint-Vincent-de-Tyrosse.
Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins des Landes
Dr Jean-François DUBROCA, Président
Avant de constituer la plus grande forêt de France, bordée d’un littoral enchanteur, ce pays resta figé jusqu’à la fin du 19° siècle dans l’Image rapportée par les poètes, peintres et autres voyageurs illustres qui le traversaient.
Mais les Landes de Gascogne véhiculaient aussi l’image d’une contrée dangereuse, parsemée de marécages et de lagunes, de courants maritimes mortels où sévissaient sur un mode endémique, outre le paludisme, la redoutable pellagre décrite par le Doyen Henri Gintrac. Ainsi, Daraignez, à Mont-de-Marsan notait en 1904 : « La pellagre, vieille spécialité des Landes, existe encore dans nos régions. Pour ce qui concerne la partie forestière proprement dite, la pellagre y a existé de tous temps et y existe encore, beaucoup moins qu’autrefois. »
C’est le second empire qui initia la véritable transformation et l’assainissement du territoire par la plantation massive de pins maritimes et la mise en place d’un réseau ferroviaire adapté.
L’engouement pour le thermalisme, favorisé par le chemin de fer qui permettait un accès aux stations devenues célèbres (Dax, Eugénie-les-Bains), en font aujourd’hui la première destination thermale de France avec plus de 75 000 curistes annuels.
Cependant, à côté de cet indéniable rayonnement de la médecine thermale (exercée par 8% des médecins généralistes Landais), le département doit relever d’autres défis, en particulier celui de l’accès aux soins.
Avec plus 418 000 habitants, un littoral ultraprisé, contrastant fortement avec une très faible densité médicale dans les zones forestières qui couvrent les trois-quarts du territoire, les Landes sont le 3ème département de France métropolitaine où la population croit le plus fortement.
Le solde démographique positif au niveau des inscriptions de nos confrères au tableau départemental cache une réalité plus nuancée : notre département et sa douceur de vivre attire surtout les médecins… retraités, et les 365 généralistes peinent à assurer la demande.
Or, le département des Landes est un département touristique qui connaît une fréquentation importante, notamment dans les zones littorales avec d’importantes tensions en périodes estivales.
Face à ces contraintes le territoire s’organise et ne compte pas moins de 11 CPTS actives ou en cours de constitution. Cet essor en fait l’un des départements les plus dynamiques en Nouvelle Aquitaine : ainsi, en période estivale la demande de soins s’appuie largement sur l’offre libérale avec la mise en place d’un « pré-SAS » appuyée par une plateforme d’appui coordonné et par la mobilisation des plages de Soins non programmés au sein des MSP landaises.
En matière de santé les Landais savent, ici comme dans d’autres domaines, relever les défis du XXI° siècle, et les Landes n’ont pas fini d’innover et de nous étonner.
Dispositif d’Appui à la Coordination Santé Landes (DAC 40)
Spécificités du DAC 40 :
- Recensement complet des transports sociaux landais grâce à une cartographie partagée avec les partenaires.
- Dans le cadre du Service d’Accès aux Soins (SAS), collaboration avec le SAMU et les CPTS du département pour organiser les soins non programmés, les médecins prévoient ainsi des créneaux pour un besoin de soins dans les 24-48h.