Dans les Pyrénées-Atlantiques, les médecins partagent des initiatives qui redéfinissent leur pratique au quotidien. Entre le renforcement des parcours de soins, l’intégration d’assistants médicaux et la collaboration au sein des organisations pluriprofessionnelles comme les MSP et CPTS, ces acteurs locaux montrent que l’innovation et la solidarité peuvent améliorer la qualité des soins et les conditions de travail.
Portrait santé*
Superficie : 7 645 km²
Nombre d’habitants : 701 974
Nombre de communes : 545
Établissements de santé :
- 9 hôpitaux publics
- 8 cliniques privées
Ensemble des médecins (tout statut) : 2 980
Âge moyen : 49,2 ans
Médecins généralistes libéraux et mixtes :
- 939
- Densité : 133,77
- 48 % d’hommes et 52 % de femmes
Médecins spécialistes libéraux et mixtes :
- 1 058
- Densité : 150,72
- 58 % d’hommes et 42 % de femmes
Variation de la densité médicale (2010/2023) : 1,62 %
Nombre d’actes techniques/an : 3 018 817 (dont 125 426 en médecine générale et 2 893 391 en médecine spécialisée)
Nombre d’actes cliniques/an : 4 926 439 (dont 3 370 789 en médecine générale et 1 555 650 en médecine spécialisée)
Taux de médecins généralistes participant à la permanence des soins (PDSA) : 60,60 %
Exercices coordonnés :
- 9 CPTS (92% du territoire couvert)
- 21 Maisons de santé
*Sources S.A.E 2022 – ASIP Santé RPPS, Traitements DREES 1er janvier 2023 – Agora Lib’ Juin 2024 – ISPL 2022 – CCAM 2022
Comment est née la Maison de la Prévention à Monein ?
Dr Jonathan GOMICHON et Dr Sandrine SANTOUL, Médecins généralistes, Monein
Avec l’arrivée de notre IDE Asalée en 2019, initialement impliquée dans le suivi des enfants en surpoids, est née l’envie de développer des actions de prévention sur notre territoire. Cependant, comme les séances d’Activité Physique Adaptée (APA) se déroulaient jusque-là à Pau (30 km), les enfants en profitaient peu ou pas. Nous voulions donc leur offrir la possibilité de participer à des APA de proximité.
Nous avons donc créé une association afin de percevoir des subventions pour financer ces ateliers. Cette association que nous avons appelée Monein Action Prévention Santé (MAPS) ne pouvait pas se contenter de s’occuper du surpoids de l’enfant. Nous avons donc décidé d’élargir ses missions à la promotion de la santé pour tous les publics.
La MAPS organise une action de prévention mensuelle diffusée par affichage en salle d’attente des médecins, des IDE Asalée, des kinés, pharmaciens et dentistes. Un mail est aussi envoyé à tous les adhérents de l’association. De la documentation est également proposée aux patients. Parmi les thèmes abordés : le harcèlement scolaire, les écrans, le tabagisme, la prévention en matière de cancer colorectal, cancer du sein, cancers de la peau, les violences conjugales, la consommation d’alcool, les troubles mnésiques, la sédentarité, la vaccination, le sport, le surpoids/obésité, l’hypercholestérolémie.
La mise à disposition d’un nouveau local avec salle de réunion a permis à la MAPS d’avoir un lieu physique. C’est de là qu’est née l’idée d’une Maison de la Prévention et ainsi permettre le développement d’actions de prévention et surtout des ateliers.
Les ateliers déjà réalisés sont des ateliers d’apprentissage de l’autopalpation dans le cadre du dépistage du cancer du sein (pour les patientes du cabinet mais aussi pour le personnel du SSIAD et de l’EHPAD), grâce à l’achat d’un buste d’autopalpation.
Nous avons aussi créé des ateliers d’initiation à la marche nordique avec le soutien d’un animateur en activité physique adaptée. Les autres ateliers prévus sont des ateliers de gestion du temps, de sensibilisation et d’aide au sevrage tabagique et de lutte contre la sédentarité.
Pour l’année 2025, nous avons 5 missions essentielles à développer avec notamment la réalisation d’ateliers pour les usagers mais aussi de formations des professionnels :
- Santé au travail (troubles musculosquelettiques, prévention du burn-out…) ;
- Prévention cancer du sein : participation à la semaine octobre rose ;
- Tabac, en lien avec Souffle 64 (formation des professionnels, réunion-débat pour les usagers, sensibilisation et aide au sevrage) ;
- Surpoids, activité physique, sédentarité : atelier APA pour les enfants en surpoids, facilitation d’accès à l’AP (découverte marche nordique, yoga, taïso, remise en mouvement…) ;
- Développement d’une antenne MedPrev’.
Organisation départementale libérale en imagerie médicale : intérêts et difficultés
Dr Philippe ARRAMON-TUCOO, Radiologue, Bayonne
L’Imagerie médicale est au cœur de toutes les spécialités, véritable pierre angulaire de la prise en charge des patients, sur le plan du diagnostic, du suivi thérapeutique et parfois du traitement lui-même.
Dans ce contexte, l’accessibilité et la disponibilité des machines, ainsi que des compétences, doivent être ubiquitaires ce qui n’est pas sans poser de problèmes organisationnels, humains et financiers.
Sur le plan organisationnel, il faut créer des conditions favorables au regroupement des structures en portant un projet plaçant l’intérêt général au-dessus des intérêts individuels, harmoniser les outils ainsi que les pratiques et combattre la peur du changement. Chacun doit s’impliquer dans cette évolution nécessaire.
Cette transformation de l’entreprise nécessite la présence de personnels supplémentaires pour l’encadrement, le management, la comptabilité, la gestion des sites, la cellule informatique, la communication, la direction… dont les coûts sont importants. Pour les médecins libéraux, cette notion d’entreprise et de service public n’est hélas pas prise en considération aujourd’hui, par l’Assurance maladie ni l’ARS.
La permanence des soins est un service public qu’il faut intégrer en responsabilité dans ce type de projet nécessitant la mutualisation des astreintes et leur rémunération par les tutelles, non encore effective à ce jour. Nous assurons ce service dans quatre établissements habilités à recevoir des urgences dans le département et le sud-est des Landes. Les soins non programmés sont depuis bien longtemps intégrés quotidiennement dans cette organisation, désorganisant cependant bien souvent les vacations réglées.
Le dépistage organisé du cancer du sein peut également, dans ce contexte, être optimisé dans les territoires malgré les temps de trajet et l’investissement en matériel. C’est ainsi que nous avons pu maintenir, et parfois réinstaller, une offre de mammographie sur des territoires distants tels que Mourenx et Mauléon entre autres.
Sur le plan humain, cela nécessite des radiologues « généralistes » et spécialisés voire hyper spécialisés, afin de couvrir tous les domaines de compétences nécessaires sur un territoire qui peut être aujourd’hui celui du département.
Il faut également pouvoir assurer le recrutement de collaborateurs manipulateurs dont le nombre est actuellement véritablement insuffisant et savoir les fidéliser dans nos structures. Nous avons œuvré sur notre territoire à la mise en place d’une formation validante depuis 2023.
Voilà, globalement, ce que peut offrir une organisation structurée en imagerie médicale, dans un département tel que celui des Pyrénées-Atlantiques.
Cela protège, pour le moment, les habitants de ce département de la raréfaction des centres d’imagerie ou de leur reprise par des organismes financiers pour lesquels le service rendu n’est pas la première des priorités.
C’est également un point d’appui fort pour le premier recours, indispensable à une coordination efficace.
C’est enfin un service public et un engagement territorial fort pour les patients et les confrères d’autres spécialités.
On en mesure cependant toute la vulnérabilité dans le contexte actuel de financiarisation galopante de la médecine et particulièrement de l’imagerie médicale aujourd’hui.
Si cet engagement responsable et les efforts consentis ne sont pas encouragés ni accompagnés pour en assurer la pérennité, ce type de médecine disparaîtra au profit d’une autre médecine plus rentable, mais qui verra la qualité de prise en charge de la population se dégrader. Tel est l’enjeu des décisions qui nous attendent conjointement.
Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins des Pyrénées-Atlantiques
Dr Sylvie HARMANT, Présidente
Le département des Pyrénées-Atlantiques, avec ses 4 422 médecins inscrits, apparait en capacité de réponse à la demande de soins de la population sur son territoire.
Cette bonne santé apparente masque une importante disparité territoriale entre une côte basque bien pourvue et le reste du département où l’accès à un médecin est de plus en plus difficile, que ce soit en médecine générale et pour les autres spécialités. Par exemple, il y a deux fois plus de gastroentérologues sur la Côte Basque que sur le Béarn, ceci est source de retard dans la prise en charge des cancers colorectaux et entraîne des déplacements de plus de 100 km pour les patients qui souhaitent (et qui peuvent) accéder à un rendez-vous dans des délais raisonnables.
Ces difficultés à répondre aux demandes légitimes de soins, génèrent incompréhension et irritabilité chez les patients, pouvant entraîner une augmentation importante du contentieux avec des plaintes, des griefs et des signalements augmentant les procédures de médiations et de conciliations.
Nous constatons la multiplication des actes de violences écrites, verbales, voire physiques, à l’encontre des médecins.
Concernant la médecine générale, il faut parvenir à vaincre les freins à l’installation. En effet, 1 480 médecins généralistes exerçants sont inscrits mais seulement 700 sont installés en libéral.
Former plus de médecins ne suffit pas. Il faut les accompagner dans leur projet professionnel et leur installation. Nous bénéficions pour cela de l’assistance précieuse du dispositif de Présence Médicale 64 et d’un nombre croissant de maîtres de stage universitaire. L’accompagnement doit se poursuivre pour pérenniser leur exercice libéral, en prenant en compte leur souhait d’un exercice libéral coordonné avec une activité salariée complémentaire.
Il faut entendre les demandes de certains pour un exercice particulier. Ainsi pour la médecine esthétique, le Conseil National s’investit dans une formation permettant d’assurer la compétence de ceux qui souhaitent exercer cette activité en complément de leur exercice.
La demande des médecins de diversifier leurs pratiques professionnelles est de plus en plus importante dans notre département. Il y a nécessité de rétablir rapidement la validation des acquis de l’expérience ordinale (VAE) afin de reconnaître et certifier les compétences.
Nécessité également de débloquer le verrou de l’exercice exclusif d’une spécialité pour permettre à ceux qui le souhaitent d’envisager un nouveau projet professionnel et de rester dans le soin.
Nous assistons à l’émergence de centres médicaux privés qui ne s’inscrivent pas dans un projet réfléchi avec les professionnels de santé du territoire et parfois en non-conformité avec le code de déontologie et le code de la santé publique, ne permettant pas de répondre aux besoins médicaux de suivi de la population.
La mission du Conseil de l’Ordre est d’accompagner une profession en pleine mutation et il faudra innover pour garantir l’attractivité de la profession ainsi que l’accès aux soins pour l’ensemble de la population.
Dispositif d’Appui à la Coordination des Pyrénées-Atlantiques (DAC 64)
Dans le cadre de ses missions, le DAC 64 s’engage dans différents projets de territoire.
Hébergement Temporaire d’Urgence (HTU) : L’HTU en EHPAD est destiné aux personnes de + de 60 ans en situation d’urgence médico-sociale.
11 places d’HTU sont réparties sur le département, dont 5 en unité protégée.
Coopération avec le Service d’Accès aux Soins (SAS) :
Depuis 2023, la coopération avec le SAS du Groupement Hospitalier de Territoire Navarre Côte Basque a permis la création d’un parcours « patient chuteur ». Selon leurs besoins, les personnes concernées sont orientées vers les ressources du territoire afin de leur proposer des solutions adaptées.
Cellule de coordination Post COVID
Groupe de travail sur le syndrome de Diogène :
Le DAC 64 a mis en place un groupe de travail composé d’un large éventail de partenaires afin de créer un parcours type d’accompagnement auprès des personnes souffrant du syndrome de Diogène et d’élaborer un guide à l’attention des professionnels et des élus.
Pour toute information, n’hésitez pas à contacter votre antenne de proximité :
- Bayonne (Côte basque, Basse-Navarre, Soule) au 05 59 31 67 67
- Pau (Pau agglomération, Est-Béarn) au 05 59 11 22 91
- Sauveterre-de-Béarn (Lacq-Orthez, Béarn des gaves, Oloron-Haut Béarn) au 05 59 38 79 90